Pour que tout le monde comprenne, Hélène est l'une des merveilleuses personnes que j'ai rencontré ici mais qui est partie trop tôt. En France dans un premier temps pour la venue de la très chère Julia puis à l'île Maurice bientôt because of l-ghedma dial rajelha ("pour le travail de son mari" en anglrija langue parfaitement maitrisée par la sus-nommée).
Hélène se retrouve donc pendant quelques mois sous le ciel gris de sa Normandie natale et nous implorait hier par mail de lui rafraichir la mémoire sur les aspects négatifs de la vie à Casa pour ne pas trop pleurer dans sa chaumière en regardant la neige tomber par la fenêtre.
Alors, je vais profiter de ce post pour faire le point sur la vie ici afin que vous compreniez tous que ce n'est pas seulement la vie de rêve décrite tout au long de ce blog.
Bien sûr en comparaison avec ce que serait notre vie en région parisienne dans un petit appartement et tous les deux travaillant beaucoup (et oui même moi!), on peut dire que la vie d'expat c'est vraiment idyllique: une grande maison toujours propre et bien rangée, de très bonnes écoles pour les enfants, un job intéressant pour Alain, beaucoup de temps libre pour moi pour m'occuper de moi, de lui et des enfants, tout ça au soleil, au bord de l'océan... Mais ce serait trop simple de passer à coté de tout ce qui ne va pas quand on vit à l'étranger.
En Espagne le plus compliqué avant toute chose avait été le problème de la langue, qui, malgré mes progrès considérables, n'a jamais vraiment été surmonté et a beaucoup freiné nos relations amicales avec les espagnols, (muchas gracias a Lali y Carlos, y a Sara y Alvaro, etc para vuestra paciencia) Ici aussi cette difficulté se pose, même si beaucoup de gens parle français ou que certains font de gros efforts pour que l'on se comprenne, cela entraine des malentendus parfois amusant et d'autres fois très énervant surtout quand les explications se ponctuent par un ouakha, machi mouchkil! Alors qu'on sait pertinemment que l'on ne s'est pas compris.
Pour le reste en Espagne, une fois habitué aux horaires des repas on avait mas o menos les mêmes habitudes qu'en France.
F l-magrib, tellement de choses sont différentes que je ne saurais pas par quoi commencer! Alors juste pour raviver la mémoire d'Hélène quelques mots: pollution, circulation automobile, poubelles éclatées sur les trottoirs, décharges à ciel ouvert, les gens qui urinent (ou plus) dans la rue, pénurie de truc complètement inutile mais parfois indispensable suivant notre humeur chez Marjane, collection de jolis sacs à main rangée au placard pour ne sortir qu'avec notre mini besace en bandoulière, les démarches administratives (oups! tu vas bientôt remettre ça, pardon.)...
Notre façon de vivre a complètement changé ici. Moi qui me réjouissait au début d'avoir un marché tout près de la maison, je n'y mets plus les pieds car j'en ai assez des prix annoncés à la tête du client d'une part ou d'être prise à partie dans des querelles entre commerçants parce que je suis la cliente attitrée de l'un et pas de l'autre. Faire des courses devient un parcours du combattant, aucun prix n'est affiché et nous européens fraichement débarqués on ne connait pas les prix, sauf qu'après s'être fait rouler une bonne centaine de fois, aujourd'hui on négocie et parfois très dur, ce qui fait que souvent je me fais engueuler par des commerçants qui sont finalement très contents de me vendre une lanterne 300 dirhams au lieu des 800 annoncés au début , sauf qu'entre temps je me serais fait insulter parce que je ne respecte pas leur travail, les matériaux précieux etc... Parfois, ça me fatigue, je ne suis pas d'humeur et je finis par faire mes courses au supermarché ou chez zara où tout est au moins deux fois plus cher mais on est juste 100 fois plus tranquille. Jusqu'au moment où on passe à la caisse et là, la carte ne passe pas ou on n'a pas les 5 pièces d'identité exigées pour payer par chèque...
Parmi les choses qui me mettent hors de moi, il y a aussi la circulation. Moi qui n'ai jamais été une fan de conduite, ce n'est pas ici que ça va changer. Chaque fois que je prends la voiture je crois juste que je vais mourir ou écraser quelqu'un. Je n'ai qu'à tout faire à pied alors me direz vous, mais là aussi je crois chaque fois que je vais mourir. De toute ma vie je ne me suis jamais autant fâchée contre des gens mal garés, ou qui sont sur le point de nous écraser moi et les enfants parce qu'ils font marche arrière sans regarder ou marche avant aussi d'ailleurs.
L'autre raison pour laquelle je vais presque partout, même au plus près, en voiture plutôt qu'à pied c'est parce que je suis plus qu'agacée par les regards lubriques ou les interpellations vraiment déplacées des hommes ( vieux, jeunes, beaux, moches, propres sur eux ou non).
Voilà, j'étais partie pour vous faire une longue liste de tout ce qui n'allait pas ici, car il y aurait encore beaucoup à dire, mais j'ai été distraite par Sandrine (une autre merveilleuse personne rencontrée ici) qui vient de passer à la maison. Alors même si il y a souvent des bas lorsqu'on vit à l'étranger il y a aussi beaucoup de hauts et les formidables rencontres que nous faisons en font partie. Et ça vaut bien tous les agacements et les coups de cafard du monde!